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Union Générale des
Travailleurs de Côte d'Ivoire
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Cinquantenaire de l'UGTCI
Des anciens racontent... des secrétaires généraux de centrales jugent

Du Mardi 26 au Lundi 31 Mars 2013

 

Créée en 1962, l'Union Générale des Travailleurs de Côte d'ivoire (UGTCI) célèbre son cinquantenaire cette année. Précisément du 28 mars au 6 avril 2013. Une célébration qui sera marquée par des temps forts. C’est dans ce cadre que des anciens ont bien voulu « raconter » l'UGTCI, tandis que des secrétaires généraux de centrales sœurs, tout en lui rendant hommage, ont accepté de porter un regard critique son parcours.

Des anciens racontent

KOUAKOU DIBY, 64 ANS

 

J'ai fait mon entrée à l'UGTCI le 15 août 1964 où j'ai retrouvé des camarades, dont Allah Adou, Georges Séry. J'y ai adhéré sous la bannière de la fédération des syndicats des industries de mécanique générale. A l'époque, il y avait quatre syndicats réunis. La mécanique générale,'l'industrie du bois, l'industrie alimentaire et le syndicat des chauffeurs de taxi compteurs. Nous étions auparavant situés à l'avenue 3 derrière le grand marché. Nous y avons passé un an, car le bâtiment qui nous abritait n'avait pas de salle de réunion, alors nous avons changé de lieu pour nous retrouver dans un bâtiment derrière le "Boul' Mich" à l'avenue 12, rue 14 barrée - aujourd'hui devenu le siège de la sous-section du Pdci Rda de Treichville. Nous sommes restés là pendant plus de cinq ans. Par la suite, l'on nous a demandé de quitter les lieux. Nos 4 grands responsables à l'époque, et qui répondaient au nom de Joseph Coffi, Almami Ouattara, Maméry Chérif et Georges Kassi, ont répondu au propriétaire de la maison qu'ils n'avaient pas d'endroit où aller. Celui-ci nous a rétorqué de chercher un site pour nous construire un siège. Alors le président Houphouët a proposé de nous installer au Plateau, à la place actuelle du memoriam qui porte son nom. Là habitait déjà le maire central d'Abidjan Antoine Konan Kangah. Nous avons donc refusé d'y aller et proposer qu'on nous trouve une autre place. Nous nous sommes donc mis à chercher un site et finalement, Kouassi Lenoir à proposer qu'on négocie avec les Ebrié pour qu'ils nous cèdent une parcelle de terre pour qu'on bâtisse la Bourse du Travail. Le site actuel où est bâti le siège était un cimetière étendu jusqu'au pont De Gaule. Il était anciennement appelé «Anoumanbo». Depuis que je suis là, ce qui m'a beaucoup marqué, c'est le jour de l'inauguration de la Bourse du travail par le Président Houphouët. Et grâce à Vanié Bi Tra, alors ministre du travail, j'ai pu saluer le Président. Je ne voulais même plus me laver la main. Je regrette que le syndicaliste n'ait pas de salaire. Depuis 43 ans que je suis là, je ne suis pas payé. Je vis des cotisations, et de la vente de cartes mais ce n'est pas toujours que les adhérents les achètent. Et donc je suis obligé de solliciter les patrons. J'ai aidé beaucoup de travailleurs à rentrer dans leurs droits, et éviter le licenciement à plusieurs. Je voudrais demander beaucoup de patience aux travailleurs, et qu'ils privilégient le dialogue avec leurs patrons. Le syndicalisme ne se fait pas avec la force. C'est le conseil que je peux laisser aux jeunes qui vont nous succéder.

 

BESSOU MIAKO MAXIME, 76 ans, Secrétaire national chargé des conflits, membre du comité directeur

 

«Je suis un témoin privilégié de la création de l'UGTCI. J'ai fait mes premiers pas dans le syndicalisme en 1954 avant la création de I'UGTCI.
J'exerçais à cette époque dans une entreprise de textile. Je fus secrétaire administratif du syndicat national des travailleurs du textile en 1967. Après le congrès de l’Ugtci en 1977, Joseph Coffi, alors secrétaire général, me propose d'assurer la permanence au département chargé des conflits bien qu'étant chef de service dans une industrie de textile. A ma retraite en 2000, les responsables de la centrale me sollicitent pour apporter ma contribution dans la gestion des conflits. Je dois avouer que j'ai été beaucoup influencé par Georges Séry, premier secrétaire général de la fédération des syndicats des industries de Côte d'ivoire. Bien qu'étant analphabète, il était considéré comme un animal syndical, rompu aux négociations. Il était un excellent médiateur. C'est d'ailleurs par lui que je suis entré dans le syndicalisme. C'est à  son école que j'ai appris la négociation collective. Joseph Coffi, SG de 1962 à 1983, restera pour moi un modèle. Il était un fin négociateur, convaincant, persuasif, diplomate et ne reculait jamais devant les graves crises. Le bon souvenir que je garde encore en mémoire, c'est cette grève en 1980 à Cotivo à Agboville, à la suite de laquelle le président Félix Houphouët Boigny décide de licencier tous les travailleurs. Ceux-ci décident de brûler l'usine. Le SG Joseph Coffi, alors en mission à Genève, me demande d'initier des négociations avec les employés. J'ai donc entamé les pourparlers avec une délégation de travailleurs leur demandant de reprendre le service afin que l'on poursuive les négociations avec les autorités. A la fin donc de ces discussions, douze points de revendications sur quatorze ont été satisfaits. Plusieurs faits marquants sont inscrits dans les mauvais souvenirs que je garde. Il y a cette grève de plus d'une semaine à Blohorn, au cours de laquelle la police fait usage de bombe lacrymogène, et un employé qui a le bras sectionné. Ensuite, lors une grève à Filtisac, le général Ouassenan Koné, alors ministre de l'intérieur, fait marcher les travailleurs grévistes lés genoux sur le goudron pour les punir. Enfin dans une usine de fabrique de bière à Bouaflé, les employés ligotent le directeur de l'usine, un blanc, à un arbre. A notre arrivée, ce dernier était mourant.
Cinquante ans, c'est un demi-siècle. Je mesure le chemin parcouru du fait des acquis. Le Smig qui était à 40 francs l'heure, est passé aujourd'hui à 200 francs l'heure. Avant l'UGTCI, il y avait deux zones de salaire dans la même catégorie de fonctionnaires. Pour un travailleur d'Abidjan qui était  affecté à l'intérieur, son salaire était  ponctué de 10% sous prétexte que les conditions de travail dans ces zones là ne sont pas pénibles. Sous Joseph Coffi, il y a eu la suppression des zones de salaire. On peut aussi noter l'obtention d'un mois de congé payé pour les salariés du privé car les congés étaient seulement de 16 jours. La liberté d'accouchement accordée aux femmes et leurs droits de permission payés. Après négociations avec le gouvernement, nous avons obtenu  la création des postes de délégués  syndicaux, en plus des délégués du J personnel. Il faut également ajouter  que le temps d'absence pour les formations n'est pas défalqué sur le salaire des cadres syndicaux et,  l'obtention de la liberté de participation aux réunions des syndicats sans être responsable.
Comme héritage aux générations j montantes, il faut noter la garantie de l'action syndicale. Il n'y a plus de licenciement pour la création d'un syndicat au sein d'une entreprise. Nous avons aussi obtenu le paiement des cotisations syndicales à la source. Il y a enfin les locaux de la Bourse du Travail qui servent de siège à l’UGTCI. Ce. siège est l'un des rares sièges de centrale syndicale qui existent en Afrique,  Il fut inauguré en 1971. Nous souhaitons que nos jeunes frères, nos enfants et petits enfants eri fassent bon usage pour qu'il constitue la mémoire collective des travailleurs ivoiriens.

 
 

TRAORÉ ZOUMANA, employé

 

Je suis entré ici en 1970. Je suis l'un des premiers employés de l'UGTCl. Au début, j'assurais l'entretien des bureaux. Ensuite, j'ai reçu la formation nécessaire pour m'occuper d'une photocopieuse, car il y avait beaucoup de séminaires et de réunions. Je jouais le rôle de planton, d'homme à tout faire. Au moment où je faisais mon entrée à l'UGTCl, Adiko Niamkey était encore enseignant et directeur de l'école Nangui Abrogoua. Joseph Coffi, quant à lui, était à la RAN. A l'époque, l'UGTCl n'existait pas. C'était un ensemble de fédérations. Il y avait celui de Joseph Séry, d'Almamy Ouattara, Léon Brière, Maméry Chérif, et un autre syndicat. Il n'ya avait pas de président d'office. C'est après la construction du siège par le Président Houphouët que le doyen Amon Tanoh Lambert fut installé. Ensuite Joseph Coffi lui succéda en 1971 en tant que secrétaire général. Adiko Niamkey va prendre les rênes suite au décès de Joseph Coffi. Ce dernier après plusieurs années à la tête de la Centrale se retira tranquillement et, l'amiable Adeh Mensah, fut plébiscité. La Centrale a toujours développé la culture de la négociation. J'ai été décoré en 1989, et cela reste pour moi un fait inoubliable de mon militantisme à l'UGTCl. Ce que je déplore cependant, c'est que les cotisations ne rentrent pas à temps. Toute chose qui met souvent en mal le fonctionnement de la Centrale. Et nous, les employés, en souffrons beaucoup. Je profite pour demander au nouveau secrétaire, le camarade Ebagnerin, de mettre en place un mécanisme pour que les syndicats affiliés puissent payer leurs cotisations correctement et à temps. Par le passé, un syndicat affilié à la Centrale qui ne payait sa cotisation annuelle, était interpellé par le comité exécutif. Que l'on se penche également sur notre situation, nous qui avons pratiquement tout donné à la Centrale. Nous ne sommes pas là pour de l'argent mais nous avons besoin du minimum vital. Après 50 ans, l'UGTCl doit prendre un nouveau virage, se donner une nouvelle vision. Celle de s'impliquer résolument dans la lutte pour le bonheur du travailleur ivoirien. Et surtout mettre fin à l'errance de certains syndicats qui posent des actes sans en informer la Centrale, et qui finissent par ternir l'image de l'UGTCl à laquelle ils sont affiliés.

 

KOUKOUA ETIENNE, Conseiller

 

Je suis infirmier enseignant de formation. J'ai commencé le syndicalisme à l'école en 1958. J'ai fait mon entrée à l'UGTCl en 1980 sous la bannière du syndicat des personnels techniques de la santé. L'on m'a confié la mutuelle des tailleurs, et par la suite, comme j'étais enseignant, on m'a chargé de la formation.. Pendant près de dix ans en tant que chargé de la formation, j'ai apporté ma petite contribution en formant les travailleurs à l'outil de la négociation. La plus grande satisfaction, c'est quand après la formation, ceux que j'ai formés me reçoivent, à l'intérieur du pays à l'occasion des tournées, avec beaucoup de plaisir parce qu'ils sont devenus responsables. Les regrets, j'en ai. Ce sont les agissements de certains de nos anciens responsables qui entretenaient des relations pas du tout franches, incorrectes. Nous n'avions pas les coudées libres et plusieurs fois mon poste a été menacé à cause de l'hypocrisie. Aujourd’hui, il appartient aux jeunes que nous avons formés de donner un nouveau visage à l'UGTCl, comme nous l'avons souhaité, et comme nos anciens l'ont fait. Nous leur faisons en tout cas confiance pour asseoir la nouvelle UGTCI.

 

Des Secrétaires généraux de centrales jugent

 

TRAORE DOHIA MAMADOU, SG Fédération des Syndicats Autonomes de Côte d’Ivoire (FESACI)

 

L'UGTCI est la centrale pionnière en Côte d'ivoire. 50 ans dans la vie d'une institution, en réalité, ce n'est pas beaucoup. Mais 50 ans dans la vie d'une organisation de lutte pour l'intérêt des travailleurs de Côte d'ivoire, c'est beaucoup. Surtout dans un jeune Etat comme le nôtre. La deuxième centrale du pays que je dirige est née en 1992. Comparaison faite, 50 ans représentent beaucoup. Je pense que ces 50 ans permettront à l'UGTCI de regarder une partie de son histoire, de faire un bilan qui lui permettra de corriger ses faiblesses, de donner plus d'allant à ses forces. Et surtout d'adapter ses outils de lutte à la dynamique nouvelle de la société. Celui qui a 50 ans de syndicalisme doit se mettre dans la dynamique du changement et épouser les réalités de l'ère nouvelle. Je le dis et Je redis, l'UGTCI est une centrale sœur qui a fait ses preuves et qui continue de faire ses preuves. Nous l'encourageons, et croyons qu'elle aura les ressources nécessaires pour s'adapter aux réalités nouvelles.

 

APPOLINAIRE TAPÉ DJÉDJÉ, Pdt Confédération des Syndicats de Fonctionnaires de Côte d'ivoire (COSYFOCI)

 

L'UGTCI est la plus vieille des centrales syndicales. Et nous ne pouvons que la féliciter pour sa pérennité malgré les remous qu'elle a connus tout au long de son parcours. Elle a su s'enraciner au fil du temps. Bien qu'avec le multipartisme, certains se soient désolidarisés, elle est restée inébranlable. Mais il faut avouer que les problèmes des travailleurs et des fonctionnaires notamment existent autant d'années que l'UGTCI existe. Et rien n'a changé. On n'est resté sur notre faim. Pour preuve, le déblocage des salaires. Pourtant, tous les 1er mai, elle soumet des doléances au pouvoir. Mais sans impact réel sur les travailleurs. Voilà pourquoi l'on a pu voir les syndicats de base se lever eux-mêmes et revendiquer. L'UGTCI a également eu le privilège de gérer la MUGEFCI, et de parrainer tous les PCA qui se sont succédés. Mais la gestion de ces derniers a toujours été décriée. Encore un exemple parmi tant d'autres pour dire que l'UGTCI a connu beaucoup d'insuffisances. Mais c'est la première centrale qui a vu naître les autres. Il faut respecter une structure comme celle-ci qui a atteint le cinquantenaire. Elle est un exemple de stabilité et de pérennité pour celles qui viennent de naître.

 
 

YVES KODIBO, SG de l'Union Nationale des Travailleurs de Côte d'Ivoire (UNATRCI)

 

L'UGTCI existe depuis longtemps, et a mené un certain nombre d'actions.
Il est donc important pour ses dirigeants de s'arrêter et faire le point de tout ce qu'elle a pu entreprendre en faveur des travailleurs ivoiriens depuis sa création. Il est difficile de porter un jugement sur le bilan de l'UGTCI. Cependant, force est de constater que, si l'UGTCI répondait parfaitement aux attentes des travailleurs de Côte d'ivoire, il n'y aurait pas eu la création d'autres centrales syndicales, notamment l'Union Nationale des Travailleurs de Côte d'ivoire (UNATRCI). Nous souhaitons cependant que l'UGTCI défende véritablement les préoccupations des travailleurs, plutôt que de s'allier au patronat. Qu'elle mette au cœur de ses actions les revendications des travailleurs et surtout qu'elle y associe les centrales sœurs, pour défendre efficacement les intérêts des travailleurs. Les questions de la revalorisation du Smig qui reste bloquée depuis belle lurette, et du taux de cotisations sociales qui a grimpé. Et pourtant, tous ces sujets ont été débattus lors du forum social de Yamoussoukro. Que l'UGTCI qui est la mère de toutes les centrales syndicales du pays pilote fortement tous ces dossiers pour le bonheur des travailleurs, et qu'elle soit un modèle pour toutes les autres centrales, en retrouvant l'unité totale en son sein.

 

ZADY SESSEGNON
 (Force ouvrière)

 

Célébrer son cinquantenaire, c'est S célébrer sa maturité. L'UGTCI est la |doyenne des centrales syndicales, j C'est elle qui a forgé les premières revendications. Elle était dans une  dynamique de participation active  et totale. Mais vous savez, une organisation, ce sont les hommes qui la | font. On aurait dû trouver un  consensus et un terrain d'entente à la suite de la division qui a prévalu, lors du dernier congrès avant cette célébration. Il ne faut pas venir à un cinquantenaire, rien que pour faire la fête. Il y a un bilan à faire et des situations à aplanir. Célèbre-t-on ce cinquantenaire dans l'unité? Dans la division? Il y a plusieurs interrogations auxquelles il ne m'appartient pas de répondre.

 
 

Pierre Koulaté (SGA de la CGT-CI)

 

Nous pensons que ce cinquantenaire est une occasion de faire le bilan et de mesurer l'impact des actions de  la centrale. Et puis surtout, il devrait permettre de réorienter ces actions au cas où le bilan s'avérait négatif. Personnellement, et c'est mon avis, nous pensons que l'UGTCI n'a pas répondu aux attentes des travailleurs. C'est d'ailleurs la raison qui nous a amené à créer une centrale avec une vision différente. C'est pourquoi je souhaite que cette célébration de l'UGTCI soit une tribune qui repense et qui donne des orientations nouvelles.

 


 



 
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